Numéro deux sur trois filles, Nathalie Solence est née à Paris, ou plus exactement dans une clinique de Boulogne-Billancourt, où sa mère était très fière d’avoir accouché sans douleur ! Ses parents, qui se sont rencontrés au Mouvement de la Paix, sont physiciens et mathématiciens, très portés tous les deux sur les valeurs humaines et artistiques. Les deux filles aînées font de la danse, de la peinture, du modelage (plus que de la musique) et chérissent leur petite sœur fragile et un peu différente. Parallèlement aux années de lycée, elle apprend la guitare classique avec Roger Ychaï à la Schola Cantorum, et compose déjà des morceaux de guitare. Elle écrit aussi des poèmes et quelques chansons. Berthe Sylva, Édith Piaf, Georges Moustaki, Leny Escudero, Anne Sylvestre et Georges Brassens bercent son adolescence. Après le bac, elle s’inscrit en fac de lettres classiques et ira jusqu’à obtenir une maîtrise en linguistique latine. La grammaire, l’étymologie, l’évolution des langues la passionnent, et les chansons (l’écriture des chansons) la chatouillent.
À vingt ans elle écrit sa première chanson qu’elle jugera « chantable ». Entraînée par une amie, Nathalie Le Guillanton, elle suit pendant deux ans des ateliers chanson et théâtre au Centre Georges Brassens de Nanterre avec Christian Dente. Elle monte sur les planches en 1983, à la fois pour le théâtre et la chanson. De rencontre en rencontre, elle croise la route de Jacques Serizier. C’est le coup de foudre. Les voies de la chanson et du théâtre deviennent de plus en plus importantes. Avec Jacques, elle monte plusieurs spectacles de théâtre et chansons (à la Tanière, au Cithéa, à la Vieille Grille…) et un spectacle de marionnettes, Chanson Baluchon, qui sera créée au Festival de Charleville-Mézières en 1988. Elle fait également partie de l’aventure des Goguettes de Claude Duneton (émissions de radio sur France Culture, émissions de télé sur FR3 Bourgogne, 33 tours) et joue aussi dans plusieurs pièces de théâtre, notamment avec Claude Confortès dans L’Innocentement aux Bouffes du Nord. En 1987, elle est invitée à chanter en duo avec Jacques Serizier à la Mutualité à Paris pour la sortie de ses Coffrets Cassettes, 99 chansons et textes. C’est à la rentrée de septembre 1988 qu’elle laisse tomber définitivement le latin, pour se consacrer à la scène. De cabarets en cafés-théâtres et de cafés-théâtres en théâtres, elle chante ses chansons mais aussi celles des autres, soit seule, soit dans des spectacles à plusieurs dont les thèmes sont Aristide Bruant, la Révolution, la chanson imbécile. En 1993, elle sort son premier CD, Que le jour s’en souvienne, arrangé par Jean Morlier Mais la fête n’a pas lieu, Jacques est alors gravement malade. Il meurt quelques mois plus tard en février 1994.
Nathalie écrit alors 10 chansons qu’elle enregistre la même année dans un deuxième CD intitulé Dans la maison blanche, chansons à Jacques. La sortie du disque se passe au music-hall Les Étoiles en 1995. C’est à cette époque que, par l’intermédiaire de Vania Adrien Sens, elle rencontre Claude Gaisne, musicien guitariste, avec lequel elle partagera par la suite bon nombre d’aventures artistiques, qu’il s’agisse de compositions, de disques ou de spectacles. Sur l’initiative de Vania, elle commence, avec Claude et lui, à chanter des chansons de Jacques. Le tout premier spectacle du Temps de la Serize est né, mais n’en porte pas encore le nom. Il y a, désormais, un avant et un après. Il y avait le théâtre et la chanson, désormais, il y aura le théâtre, la chanson et Jacques Serizier.
En 1995, avec Christian Dente et Benoît de Pontevès, elle rend hommage à Jacques Serizier au Théâtre Silvia Monfort à Paris (scène sur laquelle il a joué sa dernière pièce de théâtre), avec la sortie d’un CD 19 titres, la projection d’un film réalisé pour l’occasion par Jacques de Chavigny, et un spectacle où une quarantaine d’artistes viendront l’interpréter. Parmi eux Philippe Avron, Graeme Allright, les Blankass, Michel Bühler, Lény Escudero, Bernard Haller, Bernard Haillant, Gilbert Laffaille, Pierre Louki, Francesca Solleville, Marc Havet…
En 1999, pour fêter la sortie du Coffret livre-4 CD, 99 chansons et textes (réédition des coffrets cassettes), coproduit par Le Loup du Faubourg et Nathalie Solence, Le Temps de la Serize est donné dans 11 lieux différents de Paris avant de se retrouver à la Passementerie et au Glazart avec une trentaine d’artistes, dont Anne Sylvestre, Christian Paccoud, Allain Leprest, Claude Duneton, Claude Astier, Marc Ogeret, Victor Haïm, Michel Valette, le Théâtre à Bretelles, Ève Griliquez… En décembre, le coffret reçoit le Prix de l’Académie Charles Cros.
À partir de là, le spectacle Le Temps de la Serize, avec Nathalie Solence, Vania Adrien Sens, Claude Gaisne et Jules Bourdeaux, dans une mise en scène de Christian Dente, sera représenté tous les ans au mois de janvier.
En 2002, Nathalie Solence sort son troisième album au Loup du Faubourg Et si nos maisons brûlaient. Sortie au Théâtre de Dix Heures et au Forum Léo Ferré. En 2004, elle édite ses 43 premières chansons, paroles et musiques, sous la forme d’un recueil de partitions, 43 chansons (Éditions Nathalie Solence).
En 2005, elle est conviée à enregistrer quelques titres sur le CD Brassens et compagnie (Bernadette Delchambre, La route aux quatre chansons) et quelques autres sur le CD Moi j’aime le Papotin, chansons écrites par des personnes autistes, avec Jacques Yvart, Franck Marguerin, Pierre Barouh (Éditions Saravah).
Ce dernier disque n’est pas sans rapport avec ses activités. En effet, sensibilisée à la différence depuis la naissance de sa petite sœur (atteinte de trisomie 21), Nathalie, parallèlement à la chanson (et pendant douze ans), animera des ateliers théâtre pour personnes handicapées au sein du CAT Marsoulan à Montreuil, avec réalisation en fin d’année d’une création mêlant musique, théâtre, sculpture et marionnettes, interprétée par plus de vingt acteurs. Bien entendu, sa petite sœur y participe. Comme elle avait participé, en tant que manipulatrice, aux représentations de Chanson Baluchon, pièce pour marionnettes de Jacques Serizier, durant trois ans. Plus tard, en 2014, Nathalie écrira une chanson qui lui sera dédiée, Montrés du doigt.
Les scènes continuent de se multiplier dans grands et petits lieux. Nathalie Solence participe à plusieurs spectacles organisés, entre autre, par Édito Musique, l’Union pacifiste ou Thank you Ferré, et, en tant qu’interprète, à plusieurs soirées en hommage à différents chanteurs et poètes : Jean Ferrat, Léo Ferré, Bernard Haillant, Georges Brassens, Victor Hugo…. Elle est également souvent invitée sur France Inter à l’émission Sous les étoiles exactement de Serge Levaillant, qui a écrit la préface de son 3e CD. Parmi les théâtres où elle se produit on peut citer le Trianon, l’Européen, le Théâtre Silvia Monfort, le Théâtre du Garde-Chasse, le Vingtième Théâtre, le Forum Léo Ferré… Elle chante aussi dans plusieurs festivals : Notes en Bulle à Artigues en Ariège en 1998, Festival d’Avignon en 2002, Festival Chant d’Elles à Rouen en 2004, Festival de l’Été pourri à Paris jusqu’en 2004, Festival Poèmélodies à Pujols dans le Lot en 2008, L’Intégrale Brassens à Paris…, et part régulièrement en tournée avec les Cafés historiques et patrimoniaux d’Europe présidé par Jean-Pierre Boccard.
En 2007, elle enregistre ses quatrième et cinquième albums, l’un en tant qu’auteur compositeur Refuser (orchestrations Jean Morlier), l’autre en tant qu’interprète Mes amis de la rive gauche (arrangements Claude Gaisne) dont les spectacles de sorties, commencées au Vingtième Théâtre le 1er octobre, ne cesseront de se poursuivre en 2008.
En 2007 également, avec la Compagnie du Tournezinc, Vania Adrien Sens, Nathalie Solence Jules Bourdeaux et Claude Gaisne créent le spectacle Éclats de verre. Il s’agit d’un texte d’Alain Callès intitulé Lettre à mes amis de vingt ans, ponctué par une douzaine de chansons. Mis en scène par Claude Confortès, ce spectacle est présenté par l’association Vie Libre dans beaucoup d’endroits, en particulier dans les mairies. Il est à chaque fois suivi d’un débat, le but étant de sensibiliser les élus au problème de l’alcoolisme et de libérer la parole.
Quelques années plus tard, elle rencontre Christian Stalla qui vient de créer la collection Cabaret chez L’Harmattan. C’est l’occasion pour elle de terminer son ouvrage, commencé depuis longtemps, sur Jacques Serizier. Mes années Serize. La vie de Jacques Serizer (418 pages) paraît en décembre 2013. Un livre qui non seulement raconte la vie de Jacques, mais évoque aussi celle des cabarets de la rive gauche dans les années soixante et, plus largement, la chanson à Paris jusqu’aux années quatre-vingt-dix. Les témoignages d’un grand nombre d’amis (chanteurs, comédiens, musiciens, proches…) enrichissent le récit et font de ce livre une véritable histoire d’amitié, à l’image de Jacques.
En 2015, Nathalie sort un sixième CD où elle est interprète : Nathalie Solence chante Jacques Serizier. La même année, paraît chez L’Harmattan (collection Cabaret) Le Théâtre de Jacques Serizier. Sur sa lancée, Nathalie réalise en 2016 un septième CD, de ses propres chansons, Montrés du doigt, orchestré par Jean Morlier. Les événements sont fêtés au Vingtième Théâtre.
En 2017, avec Marie Volta, organisatrice de L’Intégrale Brassens pendant des années, l’idée germe de chanter toutes les chansons de Jacques Serizier. L’Intégrale Serizier voit le jour à La Vieille Grille en trois représentations au mois de janvier 2018 avec Nathalie, Marie, Vania Adrien Sens, Nicolas Duclos, Claude Gaisne et une trentaine d’artistes invités. Pour l’occasion, Nathalie réalise les 10 livrets de 10 partitions de Jacques Serizier, paroles et musique. Le succès de cette entreprise est tel que l’année suivante, en janvier 2019, L’Intégrale Serizier sera à nouveau donnée, cette fois-ci au Forum Léo Ferré.
Partagé entre l’écriture et la scène, ponctué par des parutions d’albums ou de livres, le parcours artistique de Nathalie Solence ne cesse de cheminer entre petits lieux et grandes salles, à Paris et en régions, où elle interprète soit ses propres chansons, soit celles d’autres auteurs qu’elle aime chanter. Parmi les événements ou les spectacles qui ont marqué ces dernières années, on peut citer son tour de chant dans plusieurs lieux typiques de la Capitale (La Bastille à l’occasion de La Mad Pride, Le Théâtre Trévise pour l’Union pacifiste, La Vieille Grille avant sa fermeture le 30 juin 2018, Le Théâtre Clavel…), ses tournées à Sète et dans la région de Montpellier, le Printemps des poètes organisé en lien avec la collection Cabaret, le Salon du livre ou-vert couleur d’Orange organisé par Claude Gaisne à Montreuil, et un tout nouveau livre qui vient de paraître aux Éditions L’Harmattan : Appartement à vendre et autres nouvelles.